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samedi 27 avril 2024
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Les chasseurs dozos, « responsables » de l’attaque meurtrière de Koulogon, selon l’ONU

Après plusieurs mois d’investigation, la mission de l’ONU au Mali (MINUSMA) a rendu public son rapport d’enquête sur l’attaque de Koulogon, qui a fait 39 civils tués, tous peuls, le 1er janvier 2019. Si le rapport pointe du doigt les chasseurs traditionnels dozos, les familles des victimes se disent inquiètes de les voir un jour jugés.

Le rapport définitif sur l’attaque du 1er janvier à Koulogon, très attendu, est sans appel. « Nous avons identifié les auteurs de l’attaque de Koulogon. Il s’agit des chasseurs traditionnels dozos. Ils étaient accompagnés d’une dizaine d’individus en tenues civiles. Ces individus sont formellement identifiés comme étant des résidents des villages voisins », a précisé Guillaume Ngefa, directeur de la Division des droits de l’homme de la MINUSMA, la mission de l’ONU au Mali, en rendant public ce rapport le 6 juin.

Le rapport va plus loin. Lors de cette attaque, les Dozos n’auraient pas utilisé que des armes de chasse, ce qui expliquerait en partie, selon l’ONU, le nombre élevé de victimes, au total 39 membres de la communauté peule.

Les Peuls étaient visés

« Les assaillants ont utilisé des armes de guerre de type AK-47 et l’attaque a fait 37 morts sur place et deux autres personnes ont succombé à leurs blessures », a affirmé Guillaume Ngefa. Selon ce rapport, les Peuls étaient systématiquement visés, dont certains « étaient tués dans leur maison ». Mais contrairement à l’attaque d’Ogossagou, qui a fait au moins 160 morts au mois de mars, les assaillants de Koulogon ont épargné les femmes. « Le groupe d’assaillants a d’abord fait sortir les femmes se trouvant dans la case de la femme du chef du village, avant d’attaquer les hommes qui se trouvaient dans la case principale du chef du village peul », a expliqué Guillaume Ngefa.

Ce jour-là, près de 100 hommes armés ont attaqué le petit village peul de Koulogon, dans le centre du Mali. La MINUSMA, dont une partie de son mandat consiste à protéger les civils, avait dépêché une équipe de 10 personnes – 8 de la section des Droits de l’homme et 2 policiers spécialisés en balistique.

Pour élaborer son rapport, la commission de l’enquête a interviewé 110 personnes, tout en reconnaissant que certains témoins ont eu peur. « Les chasseurs dozos menacent les populations, y compris la communauté dogon qui, par peur, coopère de moins en moins avec les enquêteurs », a regretté Guillaume Ngefa.

Inquiétudes chez les familles des victimes

Si ce rapport de la MINUSMA était très attendu, il n’a néanmoins pas de valeur juridique et ne peut pas peser directement sur les personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire. Les responsables de la mission onusienne ont d’ailleurs évité de citer les noms des personnes identifiées comme étant les auteurs de l’attaque de Koulogon. La MINUSMA affirme que 4 personnes ont été arrêtées par la justice malienne et 4 autres sont sous contrôle judiciaire. « C’est un travail qui revient à la justice malienne, pas à nous », a précisé Guillaume Ngefa. Le rapport contient néanmoins « des informations qui doivent aider la justice malienne dans son travail et aider l’opinion à être éclairée sur ce qui s’est passé », selon l’auteur du rapport.

Ce qui ne rassure pas les victimes et les parents des victimes. « Ce rapport de la MINUSMA ne nous servira à rien, car nous sommes sûrs qu’il y a une collusion entre l’administration et ceux qui nous ont attaqué. Donc on ne s’attend pas à de la justice dans cette affaire », a déclaré Aminata Diallo, rescapée de l’attaque de Koulogon, au cours de laquelle a perdu son frère et son oncle.

Depuis le début de l’année, l’ONU a recensé 92 incidents en termes de violation des droits humains, sur fond de tension communautaire, qui ont fait 250 morts dans le centre du Mali.

BABA AHMED, Jeune Afrique




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