La Cour de cassation française a validé l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso, rejetant le pourvoi déposé par le frère de l’ex-président déchu Blaise Compaoré, mis en cause dans son pays dans l’enquête sur l’assassinat en 1998 du journaliste Norbert Zongo.
Pour être effective, cette extradition doit encore être autorisée par un décret du gouvernement français, lui-même susceptible d’un recours devant le Conseil d’État. La plus haute juridiction judiciaire a par ailleurs refusé de transmettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par la défense de François Compaoré contre les textes régissant l’extradition.
Le ministre burkinabè de la Justice a salué une « victoire d’étape ». « La présence de François Compaoré au Burkina est un élément important pour l’avancée du dossier Norbert Zongo », a estimé René Bagoro. « Nous sommes sereins, nous restons optimistes en espérant que les autorités françaises vont certainement prendre rapidement ce décret » afin que François Compaore « soit remis à la justice burkinabè », a déclaré le ministre.
Un non-lieu prononcé en 2003
« Ce sont deux décisions très sommaires qui ne sont pas du tout à la mesure des moyens que nous avons présentés », a réagi François-Henri Briard, avocat de François Compaoré. Il a indiqué que si un décret était effectivement signé, il l’attaquerait devant le Conseil d’État.
Le 5 décembre 2018, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris avait autorisé son extradition vers Ouagadougou. Le dossier Zongo, classé en 2003 après un non-lieu en faveur du seul inculpé, a été rouvert à la faveur de la chute de l’ex-président Blaise Compaoré fin octobre 2014, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir.
Arrêté en France en 2017
Alors qu’il enquêtait à l’époque sur la mort de David Ouédraogo – chauffeur de François Compaoré – le journaliste burkinabé Norbert Zongo, 49 ans, et 3 personnes qui l’accompagnaient avaient été retrouvés morts calcinés dans leur véhicule en décembre 1998 dans le sud du Burkina Faso.
Âgé de 64 ans, François Compaoré avait été arrêté à l’aéroport de Roissy en octobre 2017 en exécution d’un mandat d’arrêt émis par les autorités de son pays. À ce jour, il n’est pas inculpé au Burkina Faso, à la différence de 3 ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré.
FOFYÉ AKIMBONI