Les ministres des Finances, les présidents des institutions régionales et les gouverneurs des banques centrales de la France, de l’UEMOA, de la CEMAC et de l’Union des Comores se sont réunis le 2 novembre 2020 en visioconférence. Les ministres ont constaté que dans un contexte marqué par la pandémie de Covid-19, l’impact de la crise économique au niveau des 3 zones monétaires a été massif et les réponses rapides portées par les gouvernements et les banques centrales ont été décisives pour y faire face.
Le président de la Commission de l’UEMOA, Abdallah Boureima,
avait à ses côtés le Commissaire en charge du département des Politiques
économiques et de la fiscalité intérieure, Mamadou Makhtar Diagne. Il a dressé
l’état des lieux de l’espace communautaire face à la pandémie. Une crise qui a
entraîné « une
chute brutale de la croissance économique en cours depuis 2012, avec des
recettes fiscales en baisse, une dégradation du solde budgétaire avec un
déficit qui représenterait près de 5% du PIB alors que la consolidation
budgétaire était sur le point d’être atteinte ». Pour
Abdallah Boureima, « la crise est triple crise : sécuritaire,
économique, sanitaire ». Et le président de la Commission de l’UEMOA
de conclure son intervention en soulignant « que la crise du coronavirus
continue d’être une préoccupation pour les 8 États membres de l’Union, même si
sur ces 2 derniers mois, on constate une baisse encourageante du nombre moyen
de nouveaux cas journaliers ». Cette inflexion « ne doit
cependant pas faire baisser la vigilance, l’ouverture des frontières et la
tendance au relâchement observée dans les pays pouvant conduire à une possible
reprise de l’expansion de la maladie ».
Les participants à la réunion ont souligné la pertinence de la réponse multilatérale pour soutenir les politiques des pays en développement. Notamment à travers les financements d’urgence proposés par les institutions financières internationales. Ils se sont félicités du prolongement de l’initiative pour la suspension du service de la dette, engagée dans le cadre du Club de Paris et du G20. Ils ont souligné la nécessité d’un partage équitable de la charge entre tous les créanciers et salué la perspective de l’adoption par le G20 d’un cadre commun de traitement de la dette, précise un communiqué publié par le ministère français des Finances.
Le ministre Bruno Le Maire a relevé que la dégradation occasionnée par la pandémie a largement affecté les économies, avec une ampleur inédite. « La reprise sera partielle, incertaine, inégale », a-t-il expliqué. D’où une reprise qui doit être coordonnée entre les États. Il a salué l’Initiative Covid-19 conduit par l’AFD (Agence française de développement) en soutien aux économies des 15 pays concernés.
Les participants ont rappelé l’importance de bénéficier de plans de soutien agréés et coordonnés au sein de chaque zone, ainsi que d’une bonne coordination entre les partenaires techniques et financiers. Notamment le FMI et la Banque mondiale. Ils ont insisté sur la nécessité de la bonne mise en œuvre des programmes de soutien afin de garder le cap d’une croissance inclusive et soutenable et de préserver la confiance des partenaires.
En outre, ils ont rappelé la nécessité de maintenir une trajectoire de dette soutenable et de mobiliser des sources de financement de long terme. Les ministres ont salué l’organisation d’un Sommet sur le financement des économies africaines à Paris, en mai 2021, pour réfléchir ensemble à ce sujet et y apporter une réponse.
La pandémie a également perturbé les politiques de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. En conséquence, les participants ont approuvé le report d’un an de l’échéance du Plan d’action anti-blanchiment qui devait arriver à son terme en décembre 2020.
Ils ont également donné leur accord à l’adhésion de la Commission de surveillance du marché financier de la CEMAC (COSUMAF) et du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers de l’UEMOA (CREPMF) en tant que membres du Comité de liaison anti-blanchiment (CLAB).
Les ministres des finances, les présidents des institutions régionales et les gouverneurs des banques centrales ont enfin souligné la nécessité de poursuivre la mise en œuvre des mesures permettant de renforcer l’intégration régionale, facteur de résilience et de solidarité des États face aux chocs exogènes dans un contexte sécuritaire régional difficile et un environnement économique international incertain.
PAULE FAX, pour magazinedelafrique.com