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samedi 27 avril 2024
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Comment la BAD « apporte de l’électricité » aux Africains des zones rurales ?

Hormis les « écoles et collèges BAD » de la décennie 1990-2000 qui ont permis la scolarisation de milliers d’enfants dans les villes et villages de Côte d’Ivoire, les habitants du District du Zanzan (région Nord-Est) ne savent quasiment rien sur les actions du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) dans leurs vies. Conséquence d’une presse nationale focalisée sur les sujets d’ordre politique et sportif. Désintérêt ou faute d’informations sur les projets de développement de l’institution financière panafricaine ?

Les journalistes en séminaire à l'hôtel Tiama, à Abidjan

Les journalistes en formation à l’hôtel Tiama par le Département de la communication de la BAD

La Banque africaine de développement (BAD) s’est rapprochée de la presse ivoirienne, à travers son Département de la communication et des relations extérieures. Les 28 et 29 juin, elle a organisé un séminaire à l’intention d’une dizaine de journalistes sur les projets de la Banque en Afrique de l’Ouest. Avec un point d’honneur sur la Côte d’Ivoire. Des échanges directs entre experts de l’institution financière et hommes des médias.

Pour le vice-président de la Banque chargé des Programmes pays régionaux, Janvier Kpourou Litsé, « le rôle des médias est de suivre et de s’assurer la concrétisation des engagements des gouvernements et des partenaires au développement ». Poursuivant qu’en la matière, « des articles bien ciblés ainsi que des reportages réguliers sur les questions de développement peuvent y contribuer ». Et de rappeler la stratégie décennale (2013-2022) de la BAD. Elle est axée sur 2 objectifs : la croissance qui prend en compte les populations urbaines et rurales de chaque pays africain, la transition vers une économie respectueuse de l’environnement.

Ces objectifs s’éclatent en 5 « priorités opérationnelles » : développement des infrastructures, intégration économique et régionale, développement du secteur privé, gouvernance et responsabilisation, qualifications et technologies. Dans ces 5 domaines, se trouve la question de la faiblesse de la couverture électrique en Afrique. Un problème auquel le président de la Banque, Akinwumi Adesina, veut remédier. La question de l’énergie est en tête de ses 5 priorités indexées sur la stratégie décennale de la Banque.

« Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie » : la BAD en amont de l’électrification rurale

Le gouvernement ivoirien a affiché son ambition : apporter l’électricité à tous les villages peuplés de 500 habitants, d’ici à fin 2017. Une volonté rappelée le 13 novembre 2015 à Grand-Bassam par le Premier ministre Duncan, au travers du lancement du programme d’urgence d’électrification des localités des Districts de la Comoé et du Zanzan. Dans le Nord-Est, cet ambitieux projet gouvernemental a pris forme par la mise sous tension de plusieurs villages. En 2015, le taux de maillage électrique dans la région de Bounkani (extrême Nord-Est) est de 1 à 17 %. Soit 62 localités raccordées au réseau électrique national. Ce qui porte le nombre à 375 villages éclairés dans le District du Zanzan : environ 450.000 populations rurales bénéficiaires.

L’État ivoirien aurait-il pu accomplir cette prouesse sans une énergie disponible en quantité suffisante ? Assurément non ! Il a fallu des postes-sources : centrales thermiques et barrages hydro-électriques. De gros œuvres en amont ayant nécessité de lourds investissements. C’est ici que la BAD, aux côtés d’autres partenaires au développement, a joué sa partition. La Banque a apporté son appui budgétaire à la Côte d’Ivoire. Comment ?

Cas de la centrale thermique d’Azito

Détenue par des privés, la centrale électrique d’Azito a été construite en 3 phases. La première a débuté en 1998 et inauguré un an après. La construction de la seconde a été achevée en 2000. La 3ème phase, inaugurée mardi 30 juin 2015 par le président Alassane Ouattara.

L'entrée des journalistes sur le site de la centrale

L’entrée des journalistes sur le site de la centrale

La visite de presse sur le site stratégique, mercredi 29 juin, a permis aux journalistes de comprendre le fonctionnement de la centrale thermique, après explications de ses techniciens. Les turbines des 2 premières phases fonctionnent au gaz naturel. La 3ème se distingue par une technologie unique en Afrique de l’Ouest : l’ajout de 2 chaudières de récupération de chaleur et d’une turbine à vapeur, d’un condensateur équipé de système de refroidissement en circuit fermé.

En clair, avec la 3ème phase, la centrale thermique d’Azito est passée d’un cycle simple à un cycle combiné de production d’électricité. Cette technologie a le mérite d’augmenter le rendement de la centrale, en récupérant l’énergie rejetée sous forme de chaleur. Aucune consommation de gaz supplémentaire. Mais la puissance électrique totale installée est passée de 290 Mégawatts (MW) à 430 MW. Avec cette puissance, le rendement de cette méga-structure est passé de 30 à 46 %. La capacité électrique nationale, du coup, boostée de 10 %, selon Kouassi N’Da, le directeur technique. C’est aussi moins de gaz carbonique (CO2) rejeté dans l’atmosphère : respect de l’environnement.

Vue d'une partie de la centrale thermique d'Azito

Vue d’une partie de la centrale thermique d’Azito

Azito représente plus du tiers de la production nationale d’électricité, qui est passée de 1772 MW à 2000 MW, en 2015. Un effort auquel la BAD a contribué à hauteur de 54 millions de dollars sur les 615 millions de dollars nécessaires à la construction de toute la centrale. « La Banque a débloqué 14 millions de dollars pour les phases 1&2, et 40 millions de dollars pour la 3ème phase », a affirmé Cissé Mahib, le chargé d’investissements en chef à la BAD, Département du secteur privé.

Séance d'explication au centre de contrôle d'Azito Énergie

Séance d’explication au centre de contrôle d’Azito Énergie

Ces apports financiers ont permis à la Côte d’Ivoire de disposer d’une énergie abondante pour « couvrir en partie une demande en électricité qui progresse de 10 % par an », selon le magazine Jeune Afrique. Avec ces appuis, le pays a initié un vaste programme d’électrification des localités de l’intérieur. Programme d’envergure dont la Banque panafricaine était déjà partie prenante par le don N° 210015506068-(SNE: 6.106) du Fonds africain de développement (FAD) d’un montant de 25,4 milliards de francs CFA, en 2013. Somme destinée au financement du volet Électrification rurale, associé au projet d’interconnexion des réseaux électriques Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone et Guinée (CLSG). Cet autre projet est la matérialisation de l’important volet « intégration économique et régionale » du groupe bancaire d’investissements.

OSSÈNE OUATTARA




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