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samedi 20 avril 2024
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L’enjeu d’un nouveau mode de calcul du PIB

Le Conseil des ministres a approuvé le « rebasage » du Produit intérieur brut (PIB). Cette procédure comptable consiste à changer l’année de base des comptes de la Nation et à revoir les méthodes de calcul. Le pays a migré du système de Comptabilité nationale (SCN) 1993 au SCN 2008. « Le Togo, à l’instar d’autres pays en Afrique, souhaite arrimer ses méthodes d’élaboration des comptes aux normes internationales actuelles et rendre ses agrégats macroéconomiques comparables sur le plan international », explique le gouvernement.

Ce dispositif, déjà mis à profit par plusieurs pays africains – notamment le Nigéria –, n’a pas que des conséquences de pur affichage. En particulier, la procédure replace le pays concerné au regard des critères de convergence dans sa zone d’intégration. Ici, c’est l’UEMOA.

Cette appréciation est attribuée principalement à « l’amélioration des sources de données avec une large couverture des cibles, surtout des activités informelles qui n’étaient pas suffisamment prises en compte dans l’ancien système », selon des notes officielles.

La nécessité de réaliser la migration s’explique par la révision du SCN 1993, des manuels de la balance des paiements et des finances publiques du FMI, de même que celle de la classification internationale type par industrie et de la classification centrale des produits, explique le communiqué du Conseil des ministres. « C’est un grand jour pour notre pays, un grand jour parce que nous sommes parvenus à un processus qui a commencé en 2018 », a déclaré Sani Yaya, le ministre de l’Économie et des finances, lors d’une conférence de presse.

L’Institut national des statistiques et études économiques (INSEED) est le maître d’œuvre de l’opération. Sani Yaya a remercié le FMI, la Banque mondiale, l’AFRITAC (Centre régional d’assistance technique du FMI pour l’Afrique de l’Ouest), l’AFRISTAT (Observatoire économique et statistique d’Afrique subsaharienne), et la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

Un ratio d’endettement en baisse

Grâce à ce « rebasage », le Togo affiche une richesse produite plus importante. Le PIB brut de 2016, sous le SCN 2008, passe à 3.574,4 milliards de francs CFA contre 2.618,1 milliards suivant le SCN 1993. Soit une réévaluation de 36,5%. Pour l’année 2017, le PIB réel est de 3.729,8 milliards de francs CFA, correspondant à un taux de croissance de 4,3% entre 2016 et 2017. Le PIB nominal s’établit à 3.713,6 milliards de francs CFA pour la même année.

En se basant sur les résultats du « rebasage », le PIB nominal s’établit à 3.951,4 milliards de francs CFA en 2018 et à 4.230,6 milliards en 2019, selon le SCN 2008 contre respectivement 2.979,6 milliards et 3.216,8 milliards selon le SCN 1993. Les prévisions actualisées du PIB pour l’année 2020 se chiffrent à 4.399,9 milliards contre 3.322,3 milliards selon le SCN 1993.

La réévaluation du PIB nominal a eu des incidences non négligeables sur les résultats obtenus. Ils montrent que tous les critères de convergence de premier rang sont respectés. En effet, les critères du taux d’endettement et du solde budgétaire (dons compris) rapportés au PIB se sont améliorés.

Ainsi, le taux d’endettement (dette rapportée au PIB) se situe désormais à 51,9% en 2019 contre 68,3% dans l’ancien système de comptabilité. Sur cette base, les prévisions révisées pour 2020 font ressortir un taux d’endettement de 51,8% contre 68,6%.

De même, le taux de pression fiscale est passé de 20,8% à 13,6% en 2019, au regard de la nouvelle norme. Selon les projections, ce taux devrait légèrement augmenter cette année à 14,6% pour une norme de 20,0% au minimum. Or, le SCN 1993 faisait apparaître un taux de 20,8%. Pour autant, promet le gouvernement, l’effort devra être poursuivi pour diminuer de nouveau la pression fiscale, à la faveur de nouvelles réformes visant à améliorer le climat des affaires et l’attractivité du pays. D’autres critères de convergence dits « de second rang » doivent également être respectés.

 Une meilleure appréciation à l’international ?

« Les chiffres produits n’ont rien de fantaisistes car ils ont été validés par le FMI et d’autres institutions. Ce qui dénote du sérieux du travail présenté aujourd’hui », a commenté la ministre de la Planification, Demba Tignokpa. Qui a expliqué que les méthodes de comptabilité ont changé et que le Togo ne pouvait pas rester en marge de cette évolution.

Pour Sani Yaya, l’importance du « rebasage » réside dans les critères d’évaluation que les partenaires et les investisseurs font de l’économie togolaise. « Ces critères se sont améliorés et vont encore s’améliorer. »

En 2014, le Nigéria avait refondu sa comptabilité, devenant d’un coup la première économie d’Afrique. D’autre pays comme le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Niger, le Sénégal, ont suivi la tendance.

PAULE FAX, pour magazinedelafrique.com




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