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mardi 23 avril 2024
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Un climat des affaires teinté d’une prudente confiance

L’économie du Sénégal semble faire preuve de résilience. En juin, l’activité économique a sensiblement rebondi tandis que les chefs d’entreprise ont repris confiance. Tout risque n’est pas écarté, préviennent les conjoncturistes. Les notes de conjoncture de la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE), publiées en août, font état d’une croissance de l’activité et d’un regain d’optimisme, au tournant de l’été.

Ainsi, en juin 2020, l’activité économique interne (hors agriculture et sylviculture) s’est appréciée de 7,5%, tirée essentiellement par le tertiaire (+7,4%), le secondaire (+11,8%) et l’administration publique (+3,1%). Sur un an, le repli est ramené à 0,7% ; ce dernier s’explique principalement par la chute d’activité du secteur primaire.

Le commerce, les activités d’information et de communication, ont tiré l’économie du Sénégal, ces dernières semaines. À noter la reprise de 15,3% (en juin) des activités de finance et d’assurance. L’immobilier, qui « plombe » le pays depuis un an, est en timide reprise de 2,2%.

Il en est de même pour les Transports (+3,4%). De son côté, le secteur primaire a continué de vivre des jours difficiles (-10,8% en glissement annuel), notamment le segment de la viande (-18,5%). En revanche, le sous-secteur de la pêche « s’est bien comporté », commente la DPEE, qui fait état d’une croissance annuelle de 2,2% pour ce sous-secteur.

Le principal motif d’optimisme réside dans la bonne tenue du secteur secondaire, qui a rebondi de 11,8% en juin 2020. Cette orientation est essentiellement, attribuable aux performances des activités extractives, de la construction, de la fabrication de produits agroalimentaires et de la métallurgie. Les performances sont plus décevantes pour l’électricité, dans le bois et surtout dans la transformation du coton.

Des patrons plus optimistes

Les autres croissances concernent essentiellement les produits agricoles (+2,4%) et les métaux (+8,3%) dont les progressions d’ensemble masquent d’importantes disparités selon les produits. Sur le plan des facteurs externes, l’organisme note la hausse non démentie des cours des matières premières, notamment du pétrole.

L’ensemble de ces facteurs, conjugués aux prévisions des grands organismes internationaux sur les perspectives économiques mondiales, ont conduit à un sensible renforcement du climat des affaires, au Sénégal. En effet, l’indicateur qui le synthétise a gagné 5,7 points pour se retrouver légèrement au-dessus de sa moyenne de long terme et de son niveau d’il y a un an.

Cette situation reflète les orientations favorables des opinions des industriels, entrepreneurs de bâtiment et travaux publics, prestataires de services et commerçants. Bien entendu, les professionnels ne masquent pas leurs difficultés. Ainsi, dans l’industrie, l’approvisionnement difficile en matières premières (44%), l’insuffisance de la demande (40%), les difficultés de recouvrement des créances (36%) et la concurrence supposée déloyale (28%) sont citées comme étant des contraintes à l’activité.

Toutefois, le climat des affaires s’est renforcé (+6,0 points) dans ce segment, en rythme mensuel, « sous l’effet des orientations positives des soldes d’opinion relatifs à la production et aux perspectives de production et de commandes ».

Concernant le sous-secteur des bâtiments et travaux publics, le climat des affaires a progressé, en dépit des indicateurs peu favorables pour juin. Les professionnels s’attendent à une reprise de l’activité générale et des commandes, tant publiques que privées. Une tendance à l’optimisme que l’on retrouve également dans le secteur des services.

D’autre part, la DPEE fait état de ses observations concernant la conjoncture et ses effets sur les équilibres du Sénégal en 2020. Bien sûr, le pays ne sera pas épargné, cette année, par le ralentissement de l’économie mondiale dû à l’épidémie de la Covid-19. Lequel « ne serait pas sans conséquences sur la balance des paiements » et se traduirait par un ralentissement tant des exportations que des importations. 

L’organisme, sous la tutelle du ministère de l’Économie et du Plan, rappelle que, depuis 2016, la diaspora sénégalaise envoie, annuellement, plus de 1 000 milliards de francs CFA. Or, les périodes d’inactivités notées dans les pays fortement touchés (Italie, France, Espagne, États-Unis, etc.) qui accueillent une grande majorité de migrants sénégalais, « laissent présager une baisse conséquente des envois de fonds ».

Néanmoins, le besoin de financement national devrait, en partie, être satisfait par les concours extérieurs émanant principalement des partenaires bilatéraux et multilatéraux.

L’organisme prévoit un déficit du compte des transactions courantes de 1 254,0 milliards de francs CFA en 2020 (8,8% du PIB). L’excédent du compte de capital s’améliorerait de 49,2 milliards en s’établissant à 271,0 milliards en 2020. Le besoin de financement devrait être presque totalement satisfait par l’excédent du compte financier. D’où un déficit de la balance des paiements limité à 1 milliard de francs CFA.

Enfin, dans le cadre de l’allègement de la dette avec l’initiative des pays du G20, le Sénégal devrait bénéficier d’un financement exceptionnel d’un montant d’environ 90 milliards de francs CFA.

Bien sûr, il faut prévenir des risques : « La durée de la pandémie, l’ampleur et les mesures de politiques sanitaire ainsi que macro-budgétaire, restent un enjeu majeur dans la réalisation des hypothèses de cadrage macroéconomique ». Sur le plan interne, la durée de la crise et éventuellement un durcissement du Plan d’urgence pourraient être des facteurs contraignant à la reprise de l’activité économique en 2020.

À cet égard, les mesures de politiques sanitaires de l’État à travers la protection des populations, le non-respect des gestes barrières pourraient constituer des facteurs de risques. Sur le plan externe, l’activité pourrait subir un nouveau ralentissement des économies mondiales et une rechute des marchés des matières premières.

Enfin, l’économie du Sénégal « pourrait souffrir d’une modification de la politique étrangère des pays avancés vis-à-vis des pays en voie de développement », prévient la DPEE.

LAURENT SOUCAILLE, pour magazinedelafrique.com




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