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vendredi 29 mars 2024
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Sénégal : Liberté provisoire pour l’ancien président tchadien Hissène Habré

Condamné à la réclusion à perpétuité en mai 2016 pour crimes contre l’humanité, l’ex-président tchadien a quitté la maison d’arrêt du Cap Manuel de Dakar, ce lundi 6 avril, aux environs de 21 heures. Il bénéficie d’une autorisation de sortie de 60 jours.

Hissène Habré a rejoint sa femme et ses proches à leur domicile situé dans la capitale sénégalaise. Il est placé en résidence surveillée. Un domicile qu’il ne pourra quitter que « sur autorisation et pour une visite médicale », précise le Colonel Jean-Bertrand Bocandé, directeur de l’administration pénitentiaire.

Signée le jour même de la sortie de l’illustre détenu par le juge d’application des peines, l’autorisation de sortie répond à la demande de libération déposée par les avocats de Hissène Habré le 26 mars. « La prison est un milieu qui présente de réels risques de contamination par le virus et [Hissène Habré], d’un âge avancé, est particulièrement vulnérable », mentionne l’ordonnance de sortie.

Depuis le 23 mars, afin d’éviter d’en faire un foyer de propagation du Covid-19, la maison d’arrêt avait été vidée de tous ses occupants. À l’exception de l’ancien président tchadien, âgé de 77 ans. 

Le 1er avril, Clément Abaïfouta, le président de l’Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré (AVCRHH), avait lancé un avertissement : « La crise sanitaire ne doit pas servir d’excuse à la libération anticipée de Hissène Habré ». Une inquiétude face à laquelle l’administration pénitentiaire sénégalaise précise, dans un communiqué, qu’« il ne s’agit pas d’une libération mais d’une sortie sous escorte pénitentiaire ». 

Depuis plusieurs mois déjà, la santé de l’ex-chef de l’État faisait l’objet d’une querelle entre l’administration pénitentiaire et la famille du condamné. L’épouse de ce dernier accusait l’administration carcérale de refuser l’accès aux soins à son mari, qui s’était, selon elle, fracturé le bras lors d’une chute en novembre 2019. Mais jusqu’ici, l’autorité judiciaire a estimé que Hissène Habré se portait bien.

« Nous ne pouvons que croire le gouvernement sur parole sur le fait qu’il ne s’agisse que d’une mesure temporaire pour protéger la santé de Habré », a réagi Reed Brody, défenseur des victimes et avocat pour l’ONG Human Rights Watch. « Sa libération anticipée violerait non seulement les règles de la Cour africaine qui l’a condamné, mais aussi l’obligation du Sénégal de réprimer de manière effective ces crimes, comme l’a indiqué clairement le Comité des Nations unies contre la torture », a-t-il ajouté.

Source : Jeune Afrique




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