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jeudi 18 avril 2024
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Niger : Les mesures anti-coronavirus cristallisent des tensions

Manifestation au Niger en 2015 contre le journal français « Charlie Hebdo »

Des émeutes ont éclaté dans plusieurs villes contre le couvre-feu et l’interdiction des prières collectives décrétés pour lutter contre la propagation du coronavirus. Les troubles ont commencé il y a un mois dans une localité du Centre du pays, dès l’annonce par le gouvernement des mesures de lutte contre l’épidémie, en particulier la fermeture des mosquées. Les violences se sont ensuite étendues à la capitale Niamey depuis près d’une semaine. Les forces de l’ordre ont interpellé près de 300 personnes, alors que le ramadan doit bientôt débuter.

Bien que le Niger soit relativement peu touché par l’épidémie de Covid-19 avec 657 cas dont 20 décès, selon un bilan officiel mardi, les autorités avaient pris, dès le début, des mesures drastiques pour stopper sa propagation : fermeture des frontières, état d’urgence, couvre-feu, fermeture des lieux de culte et des écoles, isolement de Niamey du reste du pays.

Les émeutes ont débuté le 23 mars dans la localité de Mirrya (région de Zinder, dans le Centre) où des jeunes armés de gourdins et d’armes blanches ont incendié des bâtiments et des véhicules. Une semaine après, dans la région de Tahoua (dans l’Ouest), des manifestants ont envahi les rues de la commune d’Illéla, ciblant la mairie et des biens particuliers qu’ils ont incendiés. Dans ces villes, des dizaines de manifestants ont été arrêtés et écroués, selon les autorités. Les troubles se sont poursuivis à Niamey à partir de vendredi dernier, prenant une ampleur inédite.

Une dizaine de quartiers de la capitale, dont Lazaret et Banizoumbou, se sont « embrasés » dimanche soir, des troubles ayant été menés par « des individus organisés » ayant bravé le couvre-feu pour « brûler des pneus et s’attaquer à des biens privés », a dénoncé à la télévision, mardi, le gouverneur de Niamey, Issaka Assane Karanta. Au moins 108 manifestants ont été arrêtés lors d’une première vague entre le 17 et le 19 avril. Dix d’entre eux ont été écroués à la prison de haute sécurité de Koutoukalé, d’après la police.

Les manifestations se sont poursuivies lundi soir et 166 personnes ont encore été interpellées. Les personnes ont été arrêtées « dans le feu de l’action en train de détruire les routes, de casser les lampadaires pour ériger des barricades, de mettre le feu à des pneus ». Selon des publications sur les réseaux sociaux où les émeutiers diffusent parfois en direct leurs actions, de nouvelles manifestations ont eu lieu mardi nuit à Niamey.

Pour tenter de calmer les esprits, les autorités et d’influents chefs religieux multiplient les appels aux fidèles. « La terre entière est une mosquée, sauf le cimetière et les toilettes. Fuyez devant les maladies contagieuses, comme vous fuirez devant un lion. Ne mettez pas ensemble les personnes contaminées et les personnes en bonne santé. Il faut les séparer », a martelé la semaine dernière à la télévision le président Mahamadou Issoufou. Le 18 avril, le Conseil islamique du Niger, plus haute instance religieuse nationale, a « demandé à toute la population de faire preuve d’endurance » et de « s’abstenir de tout attroupement (dans les mosquées) dans le seul but de se protéger et de protéger les autres ».

Semblant lâcher un peu de lest, le gouvernement nigérien a annoncé mercredi soir l’assouplissement des horaires du couvre-feu à Niamey, désormais fixés de 21 heures à 5 heures du matin. Au lieu de 19 heures à 6 heures. Le communiqué du Conseil des ministres ne précise cependant pas si les prières collectives seront de nouveau autorisées dans les mosquées, comme espèrent certains fidèles. 




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