La Cour pénale internationale (CPI) a salué, jeudi 23 janvier, le début des travaux du tribunal censé juger les auteurs présumés du massacre de 2009 à Conakry, et pressé la Guinée d’accélérer le mouvement pour que ce procès tant attendu ait bien lieu en juin. Le 28 septembre 2009, des militaires avaient tué au moins 157 personnes et violé 109 femmes dans le stade de Conakry où étaient rassemblés des milliers d’opposants à la candidature à la Présidentielle du chef de la junte de l’époque, Moussa Dadis Camara, selon une commission internationale d’enquête de l’ONU.
L’instruction judiciaire est close depuis fin 2017. Treize militaires et un civil sont inculpés, selon un avocat des victimes, Me Alpha Amadou Bah. Mais plus de 10 ans après, le procès se fait toujours attendre, au grand dam des proches et des défenseurs des droits humains. Le gouvernement guinéen se dit résolu à juger les responsables. Il a jusqu’alors invoqué les procédures en cours et les arrangements matériels nécessaires à la tenue du procès. Mais il a posé le 13 janvier la première pierre de la future salle d’audience à Conakry.
Le ministre de la Justice, Mohamed Lamine Fofana, avait indiqué en octobre à des représentants de la Cour pénale internationale que le procès « devrait s’ouvrir au plus tard en juin 2020 », avait rapporté la CPI. Il a redit cette semaine, devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU qui examinait la situation en Guinée, que le procès était « estimé pour se tenir en juin », selon le texte de son intervention.
Dans un communiqué, la procureure de la CPI rappelle que le massacre de 2009 est au cœur de l’examen préliminaire mené par ses services sur la situation en Guinée. Fatou Bensouda qualifie de « pas important » la pose de la première pierre de la salle d’audience. Mais l’échéance de juin « approchant rapidement, il est crucial que les autorités locales et toutes les autres parties prenantes mènent promptement les préparatifs nécessaires restants et accélèrent les efforts pour que le procès commence dans les délais impartis », dit-elle. La procureure ajoute : « La Guinée peut et doit faire la démonstration de sa volonté et de sa capacité à mener à bien les efforts pour que les horribles évènements de septembre 2009 ne restent pas impunis ».
Human Rights Watch a aussi salué la pose de cette première pierre. Mais la tenue du procès pourrait rencontrer de « nouveaux obstacles », dit l’ONG de défense des droits de l’Homme en invoquant l’intense contestation en cours dans le pays contre le projet prêté au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat, et la répression à laquelle elle donne lieu.