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mardi 19 mars 2024
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Connaissez-vous vraiment le cancer ?

Le professeur David Khayat, un des cancérologues mondialement connus

Le professeur David Khayat, un des cancérologues mondialement connus

« Santé en Afrique : stratégies de prévention et de réduction des risques ». C’est sous ce thème – fragmenté en 3 problématiques (maladies respiratoires, nutritionnelles et maladies liées au stress) – que le think tank Africa2025 a organisé sa 3ème Conférence, mercredi 4 octobre, à Casablanca, au Maroc.

Durant une journée, 15 professionnels de la santé ont partagé leurs connaissances et fait des recommandations. Toutes, appelant à l’impulsion de nouvelles stratégies pour réduire les risques des maladies non transmissibles (MNT) : meilleure gestion de la prévention, protection, mesures d’atténuation, suivi et évaluation des indicateurs sanitaires. Mais pourquoi spécifiquement les MNT ? « Les progrès technologiques ont augmenté l’espérance de vie. En même temps, les maladies non transmissibles connaissent une croissance. Les avancées en matière de médecine devraient faire baisser la progression de ces maladies qui n’étaient pas, à l’origine, un problème de santé publique mais un comportement », clarifie Amadou Mahtar Ba (président d’AllAfrica Global Media). Qui co-préside Africa2025 avec Mostapha Mellouk, patron de Casablanca Media Partners.

Cancer, « maladie du comportement »

Dans une proportion non négligeable, les cancers font partie des « maladies du comportement ». Réalité mise en évidence par David Khayat, dans sa présentation de la pathologie. « Les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas peur de la mort. Quand on dit à un jeune que son comportement d’aujourd’hui sera un risque de cancer dans 30 ans, il pense que ces 30 ans sont trop loin à venir », déplore le professeur d’oncologie. Cet ancien chef du service de cancérologie de l’hôpital La Pitié-Salpétrière de Paris révèle que les MNT – parmi lesquelles les cancers – sont responsables de 70% des décès dans le monde. « Les MNT sont aujourd’hui la principale cause de mortalité dans la majorité des régions du monde ».

S’agissant spécifiquement du cancer, pathologie liée à la « prolifération anarchique et incontrôlée des cellules résultant de leur altération génomique », les statistiques sont alarmantes. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 10 millions de nouveaux cas de personnes atteintes (dont 6 millions de décès) ont été enregistrés dans le monde, en 2000. En 2012, le nombre a grimpé à 14 millions, dont 8 millions de décès. En 2020, le nombre de nouveaux cas sera de 20 millions d’individus pour 10 millions de morts attendus. 75% de ces décès surviendront dans des pays en voie de développement. Et 1 homme sur 2 ; 1 femme sur 3 seront porteurs de cancer.

Amadou Mahtar Ba, co-président du think tank Africa2025

Amadou Mahtar Ba, co-président du think tank Africa2025

La maladie tue plus que la tuberculose, le sida et le paludisme. « En Afrique, les cancers sont devenus le nouvel enjeu de santé publique avec près de 850.000 nouveaux cas recensés en 2012 », admet professeur Khayat. Les spécialistes prévoient une augmentation du nombre, avec l’accroissement démographique. Le continent sera peuplé d’un milliard d’habitants d’ici 20 ans.

En Afrique, 26% des cas de cancers ont une origine infectieuse. Le tabac représente 30% des cas, les facteurs hormonaux (30%), génétiques (5%), les facteurs physiques (5%) et la part de l’alimentation (20%). 

Malbouffe : consommation excessive de viande, produits sucrés, salés,… 

Certains facteurs de risque des cancers peuvent être évités. Cinq facteurs comportementaux et alimentaires sont responsables d’un tiers des décès. En cause : index de masse grasse élevé, consommation de fruits et légumes insuffisante, manque d’activité physique (sédentarité avec l’obésité comme corollaire), tabagisme, consommation d’alcool. « L’alimentation joue un rôle dans 1 cancer sur 5 », affirme le cancérologue.

Si 20% des cancers sont dus à ce que nous mangeons, une modification de notre alimentation ne réduit pas de 20% le risque. Cependant, une alimentation équilibrée et variée adaptée à nos besoins personnels en privilégiant ou limitant certains aliments (produits laitiers, vitamine E) contribue à réduire les risques.

À elle seule, l’activité physique réduit de 20% le risque de cancer du sein ; 20 à 30% celui du poumon. Et 20 à 30% le cancer de l’endomètre. Mais la prévention reste le premier levier d’action contre le mal. En amont, il faut connaître les facteurs de risques afin de mieux prévenir.

OSSÈNE OUATTARA, Envoyé spécial à Casablanca.




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