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vendredi 4 octobre 2024
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La 3ème Conférence d’Africa2025 consacrée aux maladies non transmissibles en Afrique

Mostapha Mellouk, co-président du think tank Africa2025

Mostapha Mellouk, co-président du think tank Africa2025

De plus en plus, des thinks tanks se créent en Afrique. Ces « laboratoires d’idées » ont un rôle précis : être des forces de proposition pour relever les défis de développement (économique et sociale) du continent.

Lancé par Casablanca Media Partners et AllAfrica Global Media, le think tank Africa2025 s’est choisi un cycle de conférences comme méthode pour faire des recommandations aux décideurs africains.  La 1ère rencontre tenue en 2015 à Casablanca a été axée sur les « enjeux des politiques fiscales dans la transformation économiques de l’Afrique à l’horizon 2025 ». La 2ème Conférence, qui s’est déroulée à Rabat en 2016, s’est focalisée sur « résilience africaine face aux risques climatiques et aux catastrophes naturelles ».  Mercredi 4 octobre 2017, la capitale économique marocaine a accueilli la 3ème édition.  Une quinzaine d’experts en santé ont intervenu autour du thème « santé en Afrique : stratégies de prévention et de réduction des risques ». Avec un focus sur les maladies respiratoires, nutritionnelles et les maladies liées au stress. Toutes, non transmissibles.

Le choix du thème se justifie. Sans une population africaine en bonne santé, le développement du continent sera un leur. Les richesses générées par la croissance économique des États africains risquent de partir dans des soins de santé. Les maladies non transmissibles (MNT) connaissent un essor. Elles sont responsables de 70% des décès dans le monde. « Les MNT sont aujourd’hui la principale cause de mortalité dans la majorité des régions du monde », affirme David Khayat, cancérologue. L’Afrique n’est pas épargnée. Beaucoup de ses habitants en souffrent.

Malnutrition

« La mauvaise alimentation serait la première cause de mortalité prématurée », indique Jaâfar Heikel, président de la Société marocaine de nutrition santé et environnement. Adama Diouf, du laboratoire de nutrition de la faculté des Sciences et techniques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal), estime à 59 millions le nombre d’enfants de moins de 5 ans ayant un retard de croissance en Afrique. La malnutrition aiguë touche 14 millions d’entre eux, dont 2,2% sévèrement malnutris. Le surpoids (obésité) frappe 9,8 millions de personnes.

Près de 220 millions d’Africains souffrent de sous-alimentation. Environ 164 millions d’enfants et de femmes en âge de procréer sont anémiés. Et 8% des adultes de plus de 20 ans sont en surpoids. L’obésité est en progression.

Tabagisme

« Le tabac, seul produit de consommation légalement en vente qui entraîne la mort de ceux qui l’utilisent comme le prévoit le fabricant ». Ces 10 dernières années, le continent africain a fait l’objet d’une attention particulière de l’OMS [Organisation mondiale de la santé] suite à une augmentation de la prévalence du tabagisme. Pour Prof. Mor N’Diaye, le tabac est responsable de 3% des décès en Afrique. Le continent compte 77 millions de fumeurs (21% d’hommes et 3% de femmes fumeuses). Les jeunes filles se convertissent de plus en plus à la cigarette.

La Côte d’Ivoire occuperait le 13ème rang en Afrique et le 105ème mondial sur la liste des pays consommateurs de cigarettes par adulte de 15 ans et plus. La Tunisie, classée 1er pays fumeur du continent. « En 2016, 24% des jeunes tunisiens de 13 à 15 ans sont fumeurs », révèle l’addictologue Fares Mili.

Jaâfar Heikel, président de la Société marocaine de nutrition santé et environnement

Jaâfar Heikel, président de la Société marocaine de nutrition santé et environnement

Dans le monde, le tabagisme absorbe environ 6% des dépenses consacrées à la santé. Malgré les campagnes de sensibilisation et de lutte antitabac, on estime que la prévalence du tabagisme va augmenter en Afrique de près de 39% à l’horizon 2030.

Cancer

D’après l’OMS, 20 millions de nouveaux cas de personnes atteintes de cancer seront enregistrés dans le monde en 2020. « En 2015, 8.8 millions de personnes en sont mortes », souligne Jaâfar Heikel. Ce nombre s’ajoutera aux 8 millions de décès en 2012. À l’horizon 2020, 10 millions de gens mourront de cancer. Près de 75% des décès surviendront dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. On estime à 1,69 million de morts dus au cancer de poumon. « Le tabagisme constitue le facteur de risque le plus important », affirme Prof. Souha Sahraoui du CHU Ibn Rochd de Casablanca.

Pollution

La pollution est responsable de 6,5 millions de décès par an dans le monde. En Afrique, 83% des ménages utilisent pour leur cuisine des combustibles solides : bois, charbon de bois, déjections animales. La fumée qu’ils dégagent est nuisible pour la santé.

Stress

Selon Assi Berthe, chef du service de neurologie du CHU de Cocody, à Abidjan (Côte d’Ivoire), le stress n’est pas une maladie. Mais peut menacer la santé physique en étant à l’origine de nombreuses modifications physiologiques de l’organisme. Le stress peut être facteur déclencheur de pathologies cardiaques et musculo-squelettiques, troubles digestifs, anxiété et troubles anxieux, maladies psychologiques et somatiques, cancer. Le coût annuel lié au stress dans le monde, estimé à 617 milliards d’euros. Chaque année, 2.3 millions de personnes décèdent à cause de leur travail.

Les défis sanitaires auxquels fait face l’Afrique restent donc nombreux. « La santé, qui se trouve au cœur des Objectifs de développement durable, est primordiale pour améliorer la qualité de vie des populations », estime Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Chaque expert invité à Casablanca a donné ses recettes pour la réduction des risques des MNT. La prévention reste le dénominateur commun. Méthode efficace pour atteindre le point 3 des 17 Objectifs de développement durable (ODD) adoptés par les Nations Unies : « permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge ».

OSSÈNE OUATTARA, Envoyé spécial à Casablanca.




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