
En Afrique, le Cap-Vert emporte la palme du pays le plus vertueux, selon le classement du Millennium Challenge Account (MCA). La plupart des critères (17 sur 20) sont « dans le vert » pour l’archipel. Que ce soit du côté des indicateurs économiques (inflation, politique fiscale) que politiques (droits humains, contrôle de la corruption, etc.) ou humains (éducation, dépenses de santé, etc.). Seuls écueils, l’accès au crédit, la politique commerciale, et la protection des ressources naturelles.
À la deuxième place, le Togo. La réputation de pays réformateur n’est pas usurpée, semble conclure le MCA : les 8 indicateurs économiques sont au vert. Régulation, politique commerciale, création d’entreprise, facilités pour les start-up, etc.
En matière politique, le jugement est plus nuancé, en dépit d’un excellent score sous le critère de la liberté d’information. Il reste quelques petits progrès à faire au Togo en matière d’efficacité des politiques publiques, ainsi qu’en matière de droits politiques.
Du côté des droits civils, le pays est salué pour sa politique éducative. Notamment envers les jeunes filles. En revanche, les critères de santé sont plus défavorables. Un « score » de 15 indicateurs validés sur 20, contre 14 l’an dernier.
En satisfaisant pour la cinquième année consécutive aux 3 enjeux d’éligibilité du Millennium Challenge Corporation (MCC) que sont l’économie, la politique, l’humain, le Togo devrait conforter son positionnement vers ce programme qui lui ouvre droit à davantage de ressources financières.
Le président du Togo ne s’est pas embarrassé d’un communiqué de presse : c’est directement sur Twitter qu’il se « réjouit » des scores du MCC. Il y rappelle que son pays ne validait que 7 critères, il y a seulement 5 ans. Cette progression « résulte des efforts soutenus du gouvernement, des comités sectoriels et de tous les partenaires au développement », considère le chef de l’État.
Les progrès du Niger
De son côté, la Côte d’Ivoire s’en sort avec une note de 10/20. Ce que le Premier ministre Hamed Bakayoko a qualifié de performances satisfaisantes. « Nous avons fait l’évaluation de nos performances cette année. Les indicateurs montrent que nous continuons de progresser. Nous changeons de catégorie. Ce qui nous exige de faire plus d’efforts pour être au niveau des attentes d’un pays comme la Côte d’Ivoire », s’est félicité le chef du gouvernement. Il a rappelé l’investissement important du MCC dans les secteurs de l’éducation et du transport d’un montant de 524 millions de dollars sur 5 ans.
De son côté, le Niger améliore son score sur plusieurs indicateurs et « valide » 13 d’entre eux. Sont dans le vert les critères relatifs à l’inflation, aux droits politiques, aux libertés civiles, au contrôle de la corruption, à la qualité de la régulation, à l’exercice du droit, à la liberté d’information, aux droits fonciers, et à la création d’entreprises, aux dépenses de santé, par exemple.
Les indicateurs non encore validés, quoiqu’en progrès, sont à chercher du côté de la politique fiscale, la politique commerciale, et la santé infantile. Gros point noir : les dépenses dans l’éducation primaire, en recul cette année. Le Niger bénéficie toutefois du coup de pouce du MCC dans plusieurs projets d’infrastructures.
Le MCA en quelques mots
D’un premier abord peu lisible, le guide du Millennium Challenge Account permet d’observer la perception des États-Unis envers les pays qui sollicitent l’aide au développement. Créé en 2004, le MCA est un programme d’aide conçu pour réduire la pauvreté dans les pays en développement, privilégiant une croissance économique durable. En tant qu’agence indépendante du gouvernement américain, le MCC administre les fonds MCA accordés par le Congrès.
Chaque année, le Conseil d’administration du MCC se réunit pour sélectionner les pays éligibles, afin d’élaborer une proposition d’assistance MCA. Une fois sélectionné comme éligible, un pays mène une analyse économique et entreprend le processus d’élaboration d’une proposition de financement en large consultation avec ses propres citoyens. Les équipes du MCC travaillent en partenariat avec les pays éligibles pour affiner leurs propositions, afin de garantir que les programmes se concentrent sur la réduction de la pauvreté.
Son guide de performance des pays 2021, le 18e du genre, présente des informations synthétiques, mais sans commentaires, sur la performance des pays selon ses critères. Il présente des indicateurs qui mesurent l’engagement démontré des pays en faveur de la gouvernance, les investissements en faveur de la population et le degré de liberté économique.
Outre le grand public, ces indicateurs informent les dirigeants du MCC dans leurs prises de décision. Un pays bien noté recevra plus facilement des aides, sachant que les pays sont également analysés à l’aune de leur richesse par habitant. Le niveau d’exigence est plus élevé pour un pays à revenu intermédiaire que pour un pays en retard. Le tableau de bord 2021 comprend des données sur 78 pays.