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mardi 19 mars 2024
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La production cotonnière ouest-africaine menacée par un insecte ravageur

Un champ de coton attaqué par l’Amrasca biguttula en Côte d’Ivoire

Les 3 plus gros producteurs africains de coton que sont respectivement le Mali, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso font face à des attaques d’insectes sur le cotonnier. Notamment l’Amrasca biguttula qui fait partie de la grande famille des jassides. Sa piqûre provoque le jaunissement des feuilles et le dessèchement de la plante.

Mieux avancé en recherche agronomique que les autres, le 3e producteur continental d’or blanc a décidé de prendre les devants pour limiter l’action du bioagresseur sur les vergers. Détecté au départ sur des plants de gombo et d’aubergine dans le Centre et Centre-Ouest du pays, le ravageur a ensuite jeté son dévolu sur le cotonnier dès le mois de juin 2022. Il est présent dans tout le bassin cotonnier ivoirien (Nord et Centre).

Lutter contre l’ennemi

Le ministère de l’Agriculture et du développement rural, en liaison avec le Conseil du coton et de l’anacarde (CCA) et l’Intercoton, a mobilisé des chercheurs du Centre national de recherche agronomique (CNRA) en vue de venir à bout de l’insecte. Du 26 au 30 septembre, des équipes ont sillonné les zones de production. Les échanges avec les producteurs ont porté sur l’efficacité des produits issus de la recherche, la disponibilité de ces produits et la manière de les utiliser pour circonscrire l’action de l’ennemi. Et surtout convaincre de ne pas abandonner la culture de coton, un des produits phares qui assurent des entrées de devises pour le pays. « Il contribue à 7% du PIB », selon le représentant du ministère de l’Agriculture (chef de délégation). Cesser sa culture serait donc un important manque à gagner pour l’économie ivoirienne.

La recommandation du CNRA

Même si on s’attend à ce que la traite cotonnière 2022 soit marquée par des pertes importantes de rendement, les experts du CNRA ont appelé les producteurs à continuer le traitement de leurs champs pour réduire le nombre des jassides. Selon eux, les nouveaux produits qu’ils ont mis au point prouveront leur pleine efficacité lors de la campagne 2023-2024.

Le directeur exécutif de l’Intercoton a exhorté producteurs et autres acteurs de la filière à faire confiance au CNRA et à s’approprier les solutions proposées pour au moins sauver la prochaine traite. « Nous sommes dans une situation de crise », a fait savoir Silué Siontiamma Jean-Baptiste, à l’étape de Napié. Même message délivré par Soro Yacouba, président de la Fédération des unions des sociétés coopératives des producteurs de la filière coton de Côte d’Ivoire (FPC-CI).

Quid des crédits déjà contractés ?

Dans la quasi-totalité des villes visitées par les équipes mixtes de sensibilisation, les producteurs ont exprimé une autre préoccupation. Ils avaient déjà contracté des crédits auprès des sociétés cotonnières avant que l’Amrasca biguttula ne fasse son apparition et s’attaquer aux vergers.

À Benguébougou, près de Korhogo (dans le Nord), la plantation de Soro Jessédou est infectée à plus de 60%. Malgré son désarroi, le jeune homme trouve la force de pulvériser sa superficie de 4 hectares pour essayer de sauver ce qui peut encore l’être. « Vous contactez vous-mêmes l’étendu des dégâts. L’an dernier, à cette même période, les cotonniers étaient hauts. Je ne sais pas comment faire pour rembourser mes crédits cette année », s’alarme-t-il.

À Odienné, un autre producteur a affirmé qu’en 30 ans d’expérience dans la culture de l’or blanc, il n’avait jamais vu une attaque aussi sévère. « C’est la première fois que je vois cela », déplore-t-il. À environ 500 kilomètres de là, près de Botro (dans le Centre du pays), c’est le même constat de désolation dont a été témoin Soro Moussa (PCA de l’Intercoton) lorsqu’il s’est rendu dans le champ de Silué Ladji. Ce dernier, découragé de voir ses 3 hectares de plants rabougris de cotonnier, ne sait plus où donner de la tête. Sa doléance est identique à celle que ses collègues producteurs des autres localités sensibilisées ont formulée aux chefs des équipes : « Nous demandons à l’État de nous venir en aide pour rembourser nos dettes », a-t-il lancé.   

OSSÈNE OUATTARA




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