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mardi 23 avril 2024
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La BAD dévoile sa stratégie pour redynamiser l’agriculture africaine

Le lundi 19 septembre 2016, la BAD a lancé sa stratégie pour "nourrir l'Afrique"

Lundi 19 septembre 2016, la BAD a lancé, à Abidjan, sa stratégie pour « nourrir l’Afrique »

L’homme qui a faim n’est pas libre. « Le temps est venu pour que l’Afrique se nourrisse elle-même. Aucune raison ne saurait justifier que l’Afrique soit une région importatrice nette de nourriture, dépensant quelque 35 milliards de dollars par an en importations de nourriture. Il en est ainsi parce que le continent recèle 65 % des terres arables non cultivées dans le monde… ». C’est en ces termes que le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a commencé sa préface de Nourrir l’Afrique, un livre-programme dédié à la transformation agricole en Afrique.

La réalité décrite complète cette autre tristesse : bien que l’agriculture constitue l’activité principale pour des millions d’Africains, elle ne produit pas assez. Le potentiel agricole de l’Afrique n’est pas libéré. D’où « la persistance de la pauvreté et la détérioration de la sécurité alimentaire sur le continent ». La conséquence, c’est « l’augmentation prévue du nombre de personnes touchées par la malnutrition en Afrique pour passer d’environ 240 millions d’habitants en 2014 à environ 320 millions à l’horizon 2025 ». En tant que première institution bancaire dédiée au développement du continent, la BAD s’est sentie interpelée. Elle a élaboré une « Stratégie pour la transformation de l’agriculture africaine », sur la période 2016-2025. Son lancement a eu lieu lundi 19 septembre, à son siège d’Abidjan.

D. à G. : Sipho Moyo (chef de Cabinet BAD), Chiji Ojukwu (directeur du département de l'Agriculture et de l'agro-industrie BAD), Ministre Sangafowa Coulibaly, Janvier Litsé (vice-président Programme pays régionaux et politiques BAD)

De D. à G. : Sipho Moyo (chef de Cabinet BAD), Chiji Ojukwu (directeur Dpt Agriculture et agro-industrie BAD), Ministre Sangafowa Coulibaly, Janvier Litsé (vice-président Programme pays régionaux et politiques BAD)

Devant un parterre d’invités, au nombre desquels Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien de l’Agriculture et du développement rural, le directeur du département de l’Agriculture et de l’agro-industrie de la BAD, Chiji Ojukwu, a donné un aperçu du plan mis en œuvre par la Banque pour révolutionner l’agriculture et « nourrir l’Afrique ». Un groupe de 18 chaînes de valeurs intégrées de produits agricoles a été ciblé. Des zones agro-écologiques identifiées. La culture du blé en Afrique du Nord ; le riz en Afrique de l’Ouest ; le manioc dans les zones humides et semi-humides de l’Afrique ; le maïs, soja, bétail et volaille dans la savane de Guinée ; le sorgho, mil, dolic et bétail au Sahel ; les arbres fruitiers (y compris le cacao, café, noix de cajou, coton et palmier à huile), horticulture et aquaculture à travers toute l’Afrique. Dans ce vaste programme, la BAD jouera le « rôle de catalyseur ».

Selon les estimations, le succès de cette transformation agricole couvrant la décennie 2015-2025 coûtera entre 315 et 400 milliards de dollars. Sur cette somme, la BAD s’engage à apporter 24 milliards de dollars. Le reste de l’argent est à débourser par les donateurs multilatéraux, les Fondations et autres organismes avec qui la Banque a signé un Partenariat pour la transformation agricole en Afrique (PTA). « La transformation de cette série initiale de chaînes de valeurs des produits de base ainsi que des zones agro-écologiques pourrait ouvrir des marchés d’une valeur de 85 milliards de dollars par an à l’horizon 2025, en plus d’avoir un impact substantiel sur la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) concernant la réduction de la pauvreté et l’élimination de la famine ». À l’horizon 2025, l’Afrique devrait être autosuffisante, passant de son statut actuel d’importateur à celui d’exportateur de denrées alimentaires. « Ce qui représenterait la substitution d’importations d’une valeur d’environ 110 milliards de dollars ».

La redynamisation de l’agriculture requerra une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs agro-industriels dotés de moyens et formés pour changer la perception traditionnelle de l’agriculture en Afrique, espèrent les experts de la BAD.

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Le ministre Sangafowa Coulibaly a appelé au « leadership » et à la « volonté politique » pour relever les défis de l’agriculture, un « secteur stratégique » en Afrique. « Pour que l’agriculture soit performante, il faut que l’agriculture nourrisse l’agriculteur », estime-t-il. Et de saluer la banque panafricaine pour avoir mis en place les agropôles. Ces espaces de transformation agricoles concentrent des infrastructures : routes, système d’irrigation, unités industrielles, TIC… . Celui de la région du Bélier, dans le District de Yamoussoukro, a bénéficié d’un appui de 80 millions de dollars de la BAD, selon Janvier Litsé, vice-président p.i. opérations (Programme pays régionaux et politiques). Les travaux d’aménagement en cours s’achèveront avant la fin de l’année, a promis le ministre de l’Agriculture. Il a annoncé la création d’autres agropôles dans la bande Nord de la Côte d’Ivoire. Zone allant de la région de Bounkani (Bouna) au Kabadougou (Odienné), en passant par le Tchologo (Ferkessédougou) et le Poro (Korhogo).

La relance de l’agriculture africaine fait partie des High 5 ou Top 5 (les 5 priorités identifiées par la BAD). Elle s’imbrique dans les 4 autres.

OSSÈNE OUATTARA




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