La fistule, cette maladie qui s’attaque aux femmes, sévit toujours dans la région Bounkani (dans le nord-est ivoirien) malgré les campagnes de sensibilisation. Mercredi 28 et jeudi 29 août 2024, trois organisations ont uni leurs forces en vue de l’éradiquer. Une façon de prévenir le mal et redonner la dignité aux femmes qui en sont porteuses. Il s’agit de l’Alliance des religieux pour la santé intégrale et la promotion de la personne humaine en Côte d’ivoire (ARSIP), le Programme des Nations Unies pour la population (UNFPA) et l’Agence de coopération coréenne (KOICA). Ces structures ont initié des séances de prise de conscience sur la maladie à Niamoué, une localité située dans le département de Doropo, et à Vargbo, dans le département de Bouna.
La fistule fait partie intégrante du cadre globale de la santé reproductive. Pour la sage-femme Yapi Marguerite, ce mal résulte de certaines pratiques comme donner naissance à son bébé à la maison, sans assistance médicale. Si l’accouchement connaît des complications, les lésions au niveau de l’appareil génital de la femme peuvent provoquer une fistule. Son signe le plus visible est l’incontinence fécale ou une difficulté à contrôler les urines. Les odeurs qu’elle provoque crée un sentiment de honte chez la femme qui en souffre. La patiente est alors stigmatisée, isolée socialement et de la détresse chez elle.
La sensibilisation menée par l’ARSIP, l’UNFPA et KOICA a porté sur les mesures préventives. Notamment l’accès à des soins obstétricaux adéquats et la promotion de pratiques hygiéniques pendant l’accouchement. Des leaders communautaires et responsables religieux ont été priés d’abandonner les pratiques qui favorisent la maladie et à apporter leur soutien aux femmes porteuses.
Mais se rendre régulièrement dans les centres de santé pendant la grossesse et au moment de l’accouchement est la meilleure manière de prévenir la fistule, a conseillé Ouattara Nafan Mariam, infirmière à Vargbo. Ajoutant que ces visites permettent une détection précoce des problèmes de santé, une meilleure gestion des risques et un suivi approprié.
En 2020, le gouvernement ivoirien a introduit la prise en charge de la fistule obstétricale en routine dans le Paquet minimum d’activité (PMA) des hôpitaux avec pouf objectif à terme, d’éliminer de cette maladie dite de la honte d’ici à 2030.
Lors de la conférence internationale organisée du 13 au 15 septembre 2022 à Abidjan, autour du thème « Partenariat Sud-Sud et triangulaire en vue d’éliminer la fistule à l’horizon 2030 », la Première Dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, a réaffirmé la détermination de la Côte d’Ivoire et de ses partenaires à réparer les femmes porteuses de fistule et à leur redonner leur dignité.
En Côte d’Ivoire, une enquête menée en 2020 estime à 44.602 le nombre de femmes et filles vivant avec la fistule avec 250 nouveaux cas enregistrés chaque année.
OSSÈNE OUATTARA