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jeudi 5 décembre 2024
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Qui pour succéder à Ould Abdel Aziz en Mauritanie ?

Empêché par la Constitution de briguer un nouveau mandat, Mohamed Ould Abdel Aziz laisse sa place le 22 juin prochain. Qui pour le remplacer ? Tour d’horizon des candidats à sa succession.

Dans un peu moins de 2 semaines, les Mauritaniens connaîtront le successeur du président sortant, au pouvoir depuis 10 ans. Interdit de troisième mandat par la Constitution en vigueur, le chef de l’État lègue un pays encore en proie à de nombreuses difficultés économiques et sociétales. Marquée par des disparités entre communautés arabo-berbère, haratine (descendants d’esclaves de maîtres arabo-berbères) et afro-mauritanienne, la société mauritanienne est régulièrement pointée du doigt pour ses entraves à la liberté. Selon des estimations d’organisations spécialisées citées par Amnesty International, 43.000 personnes seraient encore réduites en esclavage en 2016, soit environ 1% de la population totale.

Côté économie, le constat est plus positif. Dans un rapport publié le 23 mai, la Banque mondiale (BM) a salué le rétablissement de la « stabilité macroéconomique », avec une augmentation du taux de croissance de 3 à 3,6% entre 2017 et 2018, et des projections tablant sur 6,2% en moyenne sur la période 2019-2021. Mais l’institution appelle également à « éliminer les obstacles structurels qui entravent le développement du secteur privé », citant en premier lieu les difficultés « d’accès au crédit » et « la corruption ». Des défis auxquels devront s’atteler les six candidats à la présidence, en campagne jusqu’au 20 juin.

Mohamed Ghazouani

Et, parmi eux, celui que l’on présente comme le « dauphin du président », le général Mohamed Ould Ghazouani. Ce militaire de carrière, proche du chef de l’État depuis les années 1980, est soutenu par l’Union pour la République (UPR), le parti au pouvoir. Directeur de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et chef d’état-major général des armées depuis 2008, ce fils d’un chef spirituel de la tribu maraboutique Ideiboussat – des Berbères à qui l’on prête des pouvoirs mystiques – a toujours servi sous le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz.

C’est même lui qui assura l’intérim de la présidence en 2012, lorsque le chef de l’État se fit soigner en France après une blessure par balle. Ministre de la Défense depuis novembre 2018, Mohamed Ghazouani, 62 ans, compte aussi quelques soutiens issus des rangs de l’opposition, à l’instar de l’opposant Ould Boulkheir, figure de la communauté haratine, plusieurs fois ministre et ancien président de l’Assemblée nationale. Mahfoud Betah, ancien garde des Sceaux et avocat défenseur des droits de l’homme, lui a également assuré son soutien.

Sidi Mohamed Ould Boubacar

Autre visage connu de la politique mauritanienne, Sidi Mohamed Ould Boubacar. Indépendant, le politicien de 62 ans est toutefois soutenu par le parti islamiste Tawassoul, principale force d’opposition, et par l’homme d’affaires franco-mauritanien en exil Mohamed Ould Bouamatou.

Nommé Premier ministre entre 1992 et 1996 par le président d’alors, Maaouiya Ould Ahmed Tayaa, puis sous l’autorité qui l’a renversé en 2005, le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), Sidi Mohamed Ould Boubacar est un habitué du pouvoir. Membre du Parti républicain démocratique et social, le haut fonctionnaire a également occupé divers postes d’ambassadeur, en France, en Espagne et en Égypte. Aujourd’hui, il déplore dans ses meetings « la déliquescence des institutions de la République et la misère qui s’installe dans le pays, en dépit de ses ressources naturelles ».

Mohamed Ould Maouloud

Une cause plaidée également par Mohamed Ould Maouloud, le candidat désigné de la Coalition des forces du changement démocratique (CFDC), un mouvement qui englobe plusieurs partis : celui du candidat, l’Union des forces du progrès (UFP), de tendance marxiste, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et l’Union nationale pour l’alternance démocratique (UNAD).

La semaine dernière, ce professeur d’histoire à l’université de Nouakchott a dénoncé un « bradage des ressources minières nationales » à la suite de la signature d’un accord entre la Société nationale industrielle et minière (SNIM) et la société minière australienne BCM International Group, pour l’exploitation du gisement de fer de Fdeirik en arrêt d’extraction depuis quarante ans. Déjà candidat à l’élection présidentielle de 2007, Mohamed Ould Maouloud avait obtenu 4,92% des voix.

Biram Dah Abeid

Également ancien candidat à la présidentielle, Biram Ould Dah Ould Abeid. En 2014, le militant anti-esclavagiste était arrivé en seconde position derrière Mohamed Ould Abdel Aziz, avec 8,67% des voix. Le député se présente sous la coalition IRA-Sawab, une alliance de son parti, l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste, avec le mouvement Sawab, un parti nationaliste baathiste et arabe.

L’historien de 55 ans, ancien étudiant des universités de Nouakchott et de Dakar, défend depuis de nombreuses années la communauté des haratines. Un militantisme qui lui vaut d’être accusé plusieurs fois « d’incitation à la haine raciale », et l’envoie en prison à deux reprises, en 2014 et en 2018. En 2013, Biram Dah Abeid est lauréat du prix des droits de l’homme des Nations unies.

Kane Hamidou Baba

Autre militant à candidater cette année, Kane Hamidou Baba. Avec sa coalition Vivre ensemble, ce journaliste entend défendre la cause des populations négro-africaines. Son credo : en finir avec les conflits liés à la cohabitation nationale.

Déjà candidat en 2009 – il avait obtenu 1,49 % des voix –, Kane Hamidou Baba a lui aussi travaillé pour l’ancien président Maaouiya Ould Ahmed Tayaa, en tant que conseiller à la communication présidentielle. Un poste qu’il quittera lorsqu’il passera à l’opposition au sein du RFD.

Mohamed Lemine El-Mourteji El-Wavi

Seul candidat de l’élection novice en politique, Mohamed Lemine El-Mourteji El-Wavi se présente en tant qu’indépendant. Bien que haut fonctionnaire au Trésor mauritanien, il reste un inconnu pour la majorité du grand public. Enseignement, santé, économie, agriculture, défense…, son programme en 99 points couvre tous les secteurs. L’exploitation « exemplaire » des ressources et la redistribution équitable de la richesse font également partie de ses directives.

Source : Le Point.fr




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