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jeudi 25 avril 2024
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Le dilemme de la Banque centrale

Le Comité de politique monétaire de la Banque centrale du Nigéria (BCN) réuni les 21 et 22 septembre a décidé un nouvel assouplissement, « à la lumière des incertitudes persistantes liées à la pandémie de Covid-19 et à la baisse des prix du pétrole brut ». Un long communiqué signé du gouverneur Godwin Emefiele précise les contours de cette décision qui a surpris les marchés. En effet, le Nigéria fait face à une résurgence de l’inflation que toute Banque centrale est supposée combattre par l’arme des taux élevés.

Pourtant, les banquiers centraux constatent que le climat d’attentisme prévaut, tandis que la demande globale reste faible. Ils constatent « des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, une évolution mitigée des prix, des prix du pétrole volatils et à la baisse, ainsi qu’une hausse du chômage ».

Le Comité de politique monétaire (CPM) a observé l’« amélioration modérée » de la production mondiale, tandis que la récession s’est généralisée au deuxième trimestre de 2020. Tendance qui fait suite à la forte baisse de la croissance de la production dans les économies avancées et à l’apparition de risques de détérioration supplémentaire de la croissance de la production mondiale.

Avec l’injection sans précédent et coordonnée de liquidités par les Banques centrales et institutions monétaires, le risque d’une autre la crise financière post-Covid ne peut plus être négligé, redoute la BCN. Laquelle craint « une double récession mondiale profonde » lorsque les Banques centrales du monde entier voudront normaliser leur politique monétaire.

Sur les marchés financiers mondiaux, les conditions restent relativement tendues, reflétant les incertitudes persistantes. Alors que les marchés montrent des signes modérés de reprise, les conditions financières ne se sont pas encore totalement assouplies. Les investisseurs restent prudents face au risque persistant d’un second cycle de confinements.

Spectre de la stagflation

Le PIB réel du pays s’est contracté de 6,1% au deuxième trimestre de 2020, contre une croissance de 1,9% au premier trimestre. Voilà qui achève un cycle de croissance « faible mais positive » enregistré par le Nigéria depuis 2017. Mais l’année 2020 pourrait s’achever par une récession de l’ordre de 9%, considère le consensus des économistes.

La contraction au deuxième trimestre a été largement tirée par la mauvaise performance des secteurs pétrolier et non pétrolier, en raison des blocages pour contenir la propagation de la pandémie. Le secteur pétrolier s’est contracté de 6,6%, et le secteur non pétrolier s’est contracté de 6% au deuxième trimestre 2020.

Le CPM note « la faiblesse persistante » des principaux indicateurs d’activités économiques, tel l’indice de confiance des directeurs d’achats dans les secteurs manufacturiers et non manufacturiers, encore en repli en août. La BCN considère qu’un assouplissement de la politique monétaire serait de nature à rassurer les opérateurs économiques, car la mesure implique des emprunts moins chers.

La Banque centrale reconnaît néanmoins être face à un « dilemme » : la hausse des prix est supérieure aux prévisions. En particulier en raison de l’inflation des produits alimentaires. De même, à court terme, la hausse des prix de l’essence pénalise le pouvoir d’achat de la population. Tandis que le gouvernement a décidé de supprimer les subventions à l’achat.

Aussi, tout risque de « stagflation » prolongée n’est pas écarté, prévient la Banque centrale. Qui juge néanmoins les conséquences de la récession plus importantes. Le CPM a décidé de réduire son objectif de taux directeur de 100 points de base à 11,5%. Les ratios de trésorerie et les ratios de liquidités imposés aux banques sont maintenus.

Le Comité souligne « la nécessité urgente » d’une combinaison de mesures de politique monétaire et budgétaire à large portée, visant à freiner l’inflation et à combattre la contraction de la production. Cette volonté implique des investissements ciblés de la part des autorités fiscales pour restaurer la facilité de faire des affaires dans le pays.

KIMBERLY ADAMS, pour magazinedelafrique.com




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