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mardi 19 mars 2024
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Des journalistes africains engagent le débat sur l’avenir de l’industrie du tabac

Une vue des participants au séminaire, à l'Hotel Radisson, le samedi 20 mai 2017

Une vue des participants au séminaire, à l’Hôtel Radisson de Bamako, le samedi 20 mai 2017

Bien que légale, aucune industrie ne soulève autant de questions morales que celle du tabac. Gagner de l’argent au détriment de la santé ! Les chiffres de décès liés à la consommation de cigarettes combustibles sont ahurissants : 6 millions d’individus, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Un nombre susceptible de croître. Puisque l’agence onusienne prévoit une augmentation du nombre de fumeurs dans le monde. Plus d’un milliard de personnes d’ici à 2025.

Dans ces conditions, comment espérer atteindre le numéro 3 des 17 Objectifs du développement durable (ODD) adoptés en août 2015 par les Nations Unies ? C’est-à-dire « permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge ». Voilà la problématique ! Elle appelle à la réflexion sur l’ « avenir de l’industrie du tabac ». Thème autour duquel une cinquantaine d’hommes de médias africains francophones de 15 pays, réunis au sein du Réseau des journalistes observateurs de l’industrie de la nicotine et du tabac (REJOINT), ont partagé des informations à Bamako, du 19 au 20 mai. Ce séminaire dans la capitale du Mali a été élargi au groupe industriel Philip Morris International (PMI), 2ème producteur mondial de cigarettes derrière la China National Tobacco Corporation (CNTC).

« S’il est vrai que l’industrie du tabac pose problème, en raison de ses ravages sur la santé, elle fournit d’importantes ressources financières aux États », souligne Amadou Mahtar Ba, président de All Africa Global Media. La vente de la cigarette classique génère en effet d’importantes devises à de nombreux pays. En termes de recettes fiscales et parafiscales, de taxes. Impossible donc d’envisager un monde sans tabac. Mais possible de concevoir un avenir sans fumée (un monde sans cigarette combustible). Comment ? En réduisant la nocivité du tabac. Tâche à laquelle s’attèle PMI depuis 2008.

La firme américaine a investi plusieurs milliards de dollars dans la recherche pour développer des produits moins nocifs. Cas de l’IQOS, qui contiendrait du « tabac à chauffer », non à brûler. Cette cigarette électronique ne dégage donc aucune fumée, selon Harouna Ly, directeur des Affaires institutionnelles de Philip Morris en Afrique de l’Ouest. La « dangerosité du tabac vient de la combustion », admet-il. À terme, la compagnie compte mettre sur le marché des produits sans fumée pour s’inscrire dans l’attente de l’OMS : réduire la prévalence du tabagisme de 30% d’ici à 2025 pour atteindre l’objectif global de réduction des maladies non transmissibles (MNT) telles que le cancer, les maladies respiratoires et cardiaques. Maux dont la cigarette combustible demeure une des causes et un des facteurs aggravants.

C’est dire que « le tabagisme constitue une question de santé publique », affirme Mathar Ba. Face à cette réalité, que doivent faire les hommes de médias ? « Les journalistes sont appelés à promouvoir le dialogue entre toutes les parties prenantes (industries cigarettières, professionnels de la santé…) et partager leurs positions avec l’opinion publique », conseille le patron de All Africa Global Media. Les membres de REJOINT devront aussi informer sur les avancées en matière de recherches pour réduire la nocivité du tabac. Notamment, présenter aux fumeurs les nouveaux produits – alternative à la cigarette classique – pour préserver leur santé.

OSSÈNE OUATTARA, Envoyé spécial à Bamako.




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