À l’instar de nombre de pays africains trop dépendants des recettes pétrolières, le Niger, lui, compte bien sur l’or noir pour soutenir son économie, à horizon 2022. Au cours d’une séance de travail au Conseil économique, social, et culturel (CESOC), le 29 octobre, le ministère du Pétrole a indiqué que le pays comptait investir plus de 5.200 milliards de francs CFA dans l’exploitation et le transport du précieux liquide. Cette somme comprend la construction du pipeline devant relier le Niger au Bénin.
Dans 2 ans, la production du pays pourrait atteindre 100.000 barils par jour, contre 20.000 barils en ce moment. Elle pourrait se hisser à 500.000 barils/jour à horizon 2025-2030.
Le gouvernement nigérien entend relever la contribution du pétrole au PIB de 4% en 2017 à 24% en 2025. La part du pétrole devrait ainsi passer de 19% à 45% dans les recettes de l’État, de 5% à 12% des emplois salariés. Ou encore de 16% à 68% des recettes d’exportation. Les réserves pétrolières au Niger sont estimées à environ 3,984 milliards de barils dont près d’un milliard de barils récupérables, selon des données de juin 2018, toujours citées depuis.
Le directeur général des Hydrocarbures, Boubé Hamani, calcule que les travaux de développement nécessaire à la phase de production portent sur 354 nouveaux forages, la construction des installations de surface. De son côté, le pipeline reliant Agadem au port de Sémé, au Bénin, long d’environ 2.000 kilomètres, coûterait 1.200 milliards de francs CFA. L’État a confié les travaux d’exploitation à la China National Petroleum Corporation (CNPC), l’opérateur du site d’Agadem avec qui l’État a conclu un contrat de partage de production.
Le Niger est producteur de pétrole depuis 2011. Depuis lors, le pays a tiré du secteur pétrolier des recettes de l’ordre de 818 milliards de francs CFA. Somme à laquelle s’ajoutent 117 milliards de francs CFA de réalisations sociétales, qui ont « boosté l’économie nationale », selon les propos du directeur des Hydrocarbures.
Les travaux routiers ont repris
Les 3 opérateurs du secteur, à savoir le groupe chinois CNPC, le britannique Savannah Petroleum et l’algérien SIPEX Niger, ont financé la route nationale de l’Unité et la route Diffa qui relie la frontière du Tchad. Certains travaux routiers, entamés en 2013, avaient été longtemps interrompus. Ils viennent de reprendre, en octobre 2020. Assurés par des entreprises nigériennes, « ils sont financés à 100% par CNPC », précise le ministre du Pétrole, Kadi Abdoulaye.
Cette stratégie recueille l’assentiment du FMI (Fonds monétaire international). L’institution a bouclé, le 26 octobre, sa sixième revue du programme économique et financier du Niger, soutenu dans le cadre de la facilité élargie de crédit (FEC). Le Fonds a approuvé le décaissement de 19,9 millions de dollars, qui portent le montant total des décaissements effectués dans le cadre de la FEC à 167,86 millions de dollars.
Le FMI considère que l’impact à court terme de la crise économique liée à la pandémie de coronavirus sera limité dans le pays. « La construction d’un oléoduc pour l’exportation de pétrole brut, qui devrait commencer en 2022, sera un atout important pour l’économie. Toutefois, les risques de dégradation des perspectives dominent, en raison des perspectives mondiales incertaines », prévient Antoinette Sayeh, directrice générale adjointe du FMI.
Cette politique d’exploitation du pétrole bénéficiera-t-elle pleinement aux populations nigériennes ? Naomi Binta Stansly, du réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (ROTAB), en doute. « Le Niger a toujours eu des difficultés à garantir une bonne répartition des recettes issues de ses ressources naturelles », dénonce-t-elle.
PAULE FAX, pour magazinedelafrique.com