À la fin de sa mission conduite par l’ex-président nigérian, Goodluck Jonathan, la médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) venue chercher une solution à la crise sociopolitique au Mali a émis, dimanche 19 juillet, une série de propositions pour l’essentiel identiques à celles rejetées la veille par le mouvement à l’origine de la contestation. Les médiateurs demandent la nomination « de toute urgence d’un gouvernement d’union nationale, sur la base du consensus », dont 50 % des membres seront issus de la coalition au pouvoir, 30 % de l’Opposition et 20 % de la société civile.
La mission de médiation recommande aussi la nomination, via un mécanisme complexe, d’une nouvelle Cour constitutionnelle chargée d’examiner en priorité le litige électoral sur les résultats des Législatives de mars-avril. Sa déclaration finale acte le refus « d’adhérer » à ces propositions de l’alliance du Mouvement du 5-Juin et du Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), qui regroupe des chefs religieux, des personnalités politiques et de la société civile à l’origine des manifestations contre le pouvoir.
Dans la nuit de vendredi à samedi, à l’issue d’une ultime réunion avec les médiateurs, le M5-RFP avait estimé que ces propositions « ne correspondent absolument pas aux aspirations et attentes exprimées par le M5-RFP et portées par l’écrasante majorité du peuple malien ». Le mouvement avait notamment déploré que la médiation insiste expressément sur le maintien au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta, dont il exige obstinément la démission. Dans sa déclaration finale, la médiation ne se prononce pas expressément sur le sujet mais souligne qu’« aucune forme de changement non constitutionnel d’accession au pouvoir ne sera acceptée ».
Le président Keïta est contesté par une partie de la rue depuis juin. Au climat d’exaspération nourrie depuis des années par l’instabilité sécuritaire liée aux violences djihadistes et intercommunautaires dans le Centre et le Nord du pays, au marasme économique et à une corruption généralisée est venue s’ajouter l’invalidation, en mai, par la Cour constitutionnelle d’une trentaine de résultats des Législatives de mars-avril.
Le 10 juillet, la troisième grande manifestation contre le pouvoir à l’appel du M5-RFP a dégénéré en 3 jours de troubles à Bamako, les pires dans la capitale depuis 2012 qui ont fait officiellement 11 morts et plus d’une centaine de blessés.
« Nous avons rencontré le M5 quatre fois et nous n’avons pu rapprocher nos divergences », a reconnu Goodluck Jonathan. Le chef de la médiation précise qu’il n’était pas dans les attributions de la CEDEAO de chercher à obtenir la démission du président Keïta ou de « s’occuper de la mise en place d’un gouvernement intérimaire » au risque de déclencher « une crise majeure ».